Suite à l’article publié sur le Framablog mettant en relation le monde des logiciels libres et la citation de Nicols Sarkozy suivante : « Parce que je pense qu'il faut créer des richesses avant de les partager », j’ai posté un commentaire et comme ce dernier est bien plus long que ce que j’avais pensé au départ, j’ai décidé de le re-publier ici (je l’ai un peu remanié pour le faire correspondre au format billet).
Ce qui est amusant c’est que Tristan Nitot (président de Mozilla Europe) a publié un billet similaire sur son blog quelques jours auparavant... et que je l’avais mis dans ma liste d’articles “à lire à tête reposée”.
Pour re-situer le contexte que réponds donc au billet de aKa, qui pose en conclusion la question : Et si, parfois, la richesse d'une création venait avant tout de son partage ?
Dans le cas de Wikipedia, ce sont les connaissances des utilisateurs qui sont la richesse à partager. Wikipedia (le site) n’est que le moyen mis à disposition pour effectuer ce partage. Par ailleurs, les connaissances qui y sont partagées on bel et bien été crées avant leur publication sur Wikipedia.
De même pour un projet de logiciel libre, il faut une idée de départ, originale de préférence. C'est cette idée qui constituera alors la richesse du projet (sa valeur ajoutée). Elle évoluera bien évidemment au fil des apports de la communauté. Mais ces apports ne sont rien d'autre que des idées originales, qui ont germé dans l'esprit de leurs créateurs avant qu'il puissent la partager. Car sans idée de départ pas de projet possible.
Je pense donc qu'il faut créer des richesses pour pouvoir les partager, et que les richesses ne proviennent pas du partage, mais de ceux qui partagent.
En revanche la force du libre est bien évidemment son côté collaboratif. Contrairement à un projet fermé, n'importe qui peut apporter ses richesses (idées) au projet de son choix. Dans son billet aKa dis : "GNU/Linux sans le partage aurait tout simplement perdu toute sa richesse", je pense plutôt qu'il aurait perdu la richesse qu'ont su apporter les contributeurs. Ce n'est pas le partage en lui même qui fait la richesse d'un projet, ce sont les idées qui sont partagées (réunissons un bande d'incompétents, mettons les sur un projet a priori intéressant, et voyons s'il en ressort quelque chose).
L'un des principes du libre est la méritocratie, plus on participe et correctement à des projets libre, plus on est rémunéré (par forcément financièrement, il y a le plaisir de participer à un projet qui nous tient à cœur, la reconnaissance de la communauté, etc.). J’irai donc jusqu’à dire que cela rejoint une autre idée de notre président : "Travailler plus pour gagner plus".
Et c'est une des choses que je trouves fascinantes dans le libre, c'est qu'on peut aussi bien le voir comme politiquement à gauche, comme à droite. Chacun peut donc s'y retrouver, et c'est, je crois, un force de plus à son crédit.
jeudi 13 mars 2008
Libriste de droite
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Tags : IT, logiciel libre, politique
mardi 4 mars 2008
Microsoft Office Live
Pour mon premier billet technique je voulais parler du phénomène de long tail. J'ai commencé l'article, mais il viendra plus tard, aujourd'hui je vais faire un petit bilan de ce que j'ai vu du nouveau service de Microsoft : Office Live.
Petit rappel des faits
Office Live, c'est un peu la réponse de Microsoft à Google Docs. Face au succès de ce dernier (si vous ne connaissez pas je vous conseille au moins d'y jeter un œil), le géant de Redmond se devait de répondre. Voyons un peu ce que cela donne.
Découverte
Qui peut utiliser ce service ? Ben, je dirais, les utilisateurs de Windows uniquement. Parce que contrairement à ce que dit la page d'erreur qui apparait lorsqu'on utilise un navigateur non compatible, le site ne marche correctement que sous le système de Microsoft.
J'ai en effet testé le service avec les navigateurs / systèmes d'exploitations suivants :
- Firefox 2.0.12 / Mac OS X 10.5.2
- Opera 9.2 / Mac OS X 10.5.2
- Safari 3.0.4 / Mac OS X 10.5.2
- Firefox 2.0.11 / Windows XP (SP2)
- Internet Explorer 7 / Windows XP (SP2)
- IceWeasel 2.0.12 / Debian Etch
Quels formats de fichiers ?
Les formats office sont reconnus, ainsi que les formats texte, mais pas les fichiers au standard Open Document. Il est par ailleurs impossible d'obtenir une version PDF des documents créés ou importés.
On constate également que le format ne change pas lors de l'importation/exportation du document : en envoyant un .doc on obtient de nouveau un .doc si on le télécharge, idem pour un .docx.
Les fichiers textes sont appelé "notes" et les feuilles de calcul "listes", enfin je ne devrais pas dire feuille de calcul puisqu'on ne peut justement pas en faire : la seule utilité est une présentation sous forme de tableau. Chose curieuse alors qu'il est possible d'exporter une liste au format Excel, on ne peut pas exporter les notes au format Word. Il n'est pas non plus possible de créer de présentation de type PowerPoint.
Points positifs
Parce qu'il faut quand même en trouver, je citerais l'interface, qui n'est pas dépassante pour un sou comparé à un live mail, ou même Office 2007. La possibilité de créer des espaces de travail différents est également un bonne idée, non seulement pour rester un peu organisé mais cela facilite aussi l'utilisation du partage des fichiers en fonctions de vos catégories (Travail, Maison, Loisirs, par exemple), en revanche les modèles proposés son des plus bizarres pour certain : travail, ok, maison, ok, essai, plus bizarre, équipe de sport, là ça devient vraiment spécifique, pourquoi pas tournoi de belote ?
Enfin dans ces point positifs j'ajouterai les contacts et les calendriers que l'on peut répartir comme on veut dans les différents espaces de travail et qui sont minimalistes, mais offrent les fonctions souhaitées.
Conclusion
Ce service est encore et bêta (Google docs aussi me direz-vous) mais là ça se voit ! Il reste encore une longue route à parcourir pour Microsoft, dont un des arguments face à google docs est son manque de fonctionnalités (sic!). Espérons que les plus gros défaut comme l'utilisation multi-plateforme (un minimum pour un service web) et la compatibilité avec les standards soit possible dans les futures versions.
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jeudi 28 février 2008
Long tail
J’ai choisi comme sujet aujourd’hui un phénomène que je trouve particulièrement intéressant puisqu’on le retrouve un peu partout, dès qu’il s’agit de popularité. Je vais donc parler du phénomène de longue traîne (long tail pour les anglophones). J’en ai entendu parler pour la première fois sur le blog de Louis Naugès (passionnant à suivre si vous êtes dans le monde IT). Puis j’en ai à nouveau entendu parler ça et là, comme une sorte de mode, puis j’ai été embauché pour travailler sur un projet qui exploite pleinement ce phénomène.
C’est la partie jaune de la courbe suivante, qui représente une population d’éléments, classés par ordre décroissants de popularité. Cela peut par exemple correspondre au classement des occurrences d’un mot dans une langue. On peut parier que les mots “le”, “et”, “est”, ... reviendront bien plus fréquemment que “bafouille”, “bévue” ou “billevesée”. Mais au final, la somme des occurrences des mots les moins fréquents sera plus importante que celle des mots le plus utilisés, ou, pour le formuler de manière plus visuelle, l’aire de la surface jaune sera plus importante que celle de la surface verte.
C’est bien joli me direz-vous, mais en quoi est-ce intéressant ? Cette courbe est parfaite pour représenter une demande de consommateur. On pourrait prendre également comme exemple la demande en vidéos, en livres, en articles spécialisé, etc. L’important ici est que le nombre total de demandes pour les produits les moins populaires, par effet d’accumulation, peut se retrouver largement supérieur à celui des produits les plus populaires.
Un peu de math
La loi de Zipf nous donne donc cette formule :

n est le n-ième “objet” le plus populaire
K est une constante, elle est égale à la valeur représentant la popularité de l’objet le plus populaire (et dépend donc uniquement de la métrique utilisée pour calculer cette popularité, e.g. nombre de téléchargements, ...)
s est le paramètre de Zipf qui, en gros, joue sur le nombre d’objets les plus populaires, c’est en quelque sorte la clé de la formule.
Un modèle c’est bien, mais dans la réalité ?
Petit exemple, iTunes (le service de vente de musique en ligne d’Apple) par exemple vend chaque mois 98% de son catalogue ! La boutique en ligne profite du fait que le coût de stockage et de distribution de ses titres est totalement marginal. Alors qu’avec des magasins classiques (des disquaires, pour rester dans le monde de la musique) le stockage est limité à la taille du magasin l’offre est nécessairement réduite, le vendeur se tournera alors naturellement vers les titres qui lui rapporteront le plus, la dématérialisation du support permet une offre potentiellement illimitée.
Pour continuer dans les exemples amazon profite également des conséquences de la longue traîne.
J’ai constaté récemment que ma consommation de musique suivait ce même schéma. C’est en regardant mon historique des écoutes sur last.fm que je m’en suis aperçu. Je pense qu’il en serait de même avec ma vidéothèque en regardant la fréquence d’apparition des acteurs, par exemple. Et c’est logique, dans un sens : on a tous des chanteurs, des acteurs préférés, et parmi leur production des morceaux ou des films préférés. Et au final seulement une petite partie d’un album, par exemple, est vraiment bien (ou en tout cas vraiment appréciée - sauf cas particulier, bien entendu).
On constate donc que cette loi de répartition de popularité se retrouve à de nombreuses échelles et sûrement à d’autres cas non évoqués dans cet article.
À lire également sur le sujet :
- The long tail - la longue traîne [fr], chez Louis Naugès.
- The Long Tail [en], par Chrins Anderson, l'homme derrière la théorie.
- L'article [fr] de Wikipedia sur le sujet.
- La loi de Zipf [fr] sur Wikipedia.
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Seth_
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